Les arbres, une à une, se parent de feuilles d'or, de cuivre et de rubis, comme s'ils célébraient une fête invisible. Les feuilles, éblouissantes sous la lumière douce du soleil, virevoltent gracieusement dans les airs avant de se poser avec délicatesse sur le sol, créant un tapis artistique. Marcher sur ce tapis croustillant, les feuilles froissées sous nos pas, évoque une symphonie mélodieuse de l'automne.
Les vergers abondent de trésors à récolter. Les pommes, juteuses et sucrées, et les poires, douces et parfumées, s'accrochent aux branches, attendant d'être cueillies pour enchanter nos papilles. Les étals des marchés débordent de courges aux formes variées, attendant d'être transformées en soupes chaudes et réconfortantes. Les saveurs de l'automne nous rappellent la générosité de la nature et nous invitent à revenir à des plaisirs simples et authentiques.
Cette saison éveille également notre esprit créatif. Les décorations automnales ornent les porches, les citrouilles se transforment en lanternes éphémères, et les érables se parent d'un feuillage flamboyant. Les promenades en forêt deviennent des explorations poétiques, les rayons du soleil jouant à cache-cache avec les feuilles. L'automne nous pousse à sortir et à être présents dans le moment, à savourer les beautés fugaces et à créer des souvenirs durables.
Cependant, en cette saison de transition, il est essentiel de prendre soin de notre bien-être. Voici quelques recommandations pour une santé optimale pendant l'automne :
- 1. Alimentation équilibrée : Profitez des produits de saison tels que les fruits et légumes riches en vitamines et en antioxydants. Ils renforceront votre système immunitaire et vous aideront à rester en forme.
- 2. Hydratation : Même si les températures sont plus fraîches, n'oubliez pas de boire suffisamment d'eau pour maintenir une hydratation adéquate.
- 3. Activité physique : Continuez à être actif, que ce soit par des promenades en plein air, du yoga ou d'autres exercices. L'activité physique régulière renforce non seulement votre corps, mais aussi votre esprit.
- 4. Sommeil de qualité : Profitez de la fraîcheur de l'automne pour vous envelopper dans des couvertures douces et obtenir un sommeil de qualité. Un bon sommeil est essentiel pour la santé physique et mentale.
- 5. Gestion du stress : Prenez le temps de vous détendre et de méditer. L'automne, avec sa sérénité, est propice à la réflexion et à la relaxation.
- 6. Prévention des maladies : Avec la saison des rhumes et des grippes, pensez à vous faire vacciner et à prendre des précautions d'hygiène pour éviter les infections.
- 7. Vitamine D : Étant donné que les journées raccourcissent, assurez-vous d'obtenir suffisamment de vitamine D en passant du temps à l'extérieur lorsque le soleil brille.
- L'automne est une saison de transition et de transformation. Profitez de sa beauté éphémère et prenez soin de votre santé pour aborder cette période avec énergie et vitalité.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien responsable FPH / propriétaire
Dans l’apprentissage d’un exercice, par exemple, nous commençons par être conscients de chacun des mouvements que nous exécutons […] ; puis, à mesure que ces mouvements s’enchaînent davantage entre eux et se déterminent plus mécaniquement les uns les autres, nous dispensant ainsi de nous décider et de choisir, la conscience que nous en avons diminue et disparaît. Quels sont, d’autre part, les moments où notre conscience atteint le plus de vivacité ? Ne sont-ce pas les moments de crise intérieure, où nous hésitons entre deux ou plusieurs partis à prendre, où nous sentons que notre avenir sera ce que nous l’aurons fait ? […] Si conscience signifie mémoire et anticipation, c’est que conscience est synonyme de choix. »
Christian Cordt-Moller, Pharmacien responsable FPH / propriétaire
Premièrement, certains soutiennent que l’homéopathie offre une approche plus douce et moins invasive par rapport à la médecine conventionnelle. Les médicaments homéopathiques sont généralement préparés à partir de sources naturelles telles que les plantes, les minéraux et les produits animaux, et sont souvent dilués à des niveaux où il ne reste pratiquement aucune molécule active. Cette dilution est censée augmenter la puissance curative du médicament tout en réduisant les effets secondaires indésirables. Pour les personnes préoccupées par les effets secondaires potentiellement graves des médicaments conventionnels, l’homéopathie peut sembler une option plus sûre.
Bonne été !
Christian Cordt-Moller, Pharmacien responsable FPH / propriétaire
« La mort est un trou noir. S’en approcher trop près, c’est courir le risque d’y être englouti et de ne pouvoir en parler » Frédéric Nef. Que dire de plus si l’on veut déterminer les caractéristiques de la mort, sinon qu’elle est à la fois quelque chose d’universel - puisque personne n’y échappe - et de subsistant - puisqu’elle demeure tout en emportant chacun dans le néant ?
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
La vue est un sens surdéveloppé et privilégié par rapport aux autres. On accorde communément plus d’importance à ce que l’on voit qu’à ce qu’on touche, goûte, ou perçoit différemment; le monde est ce que nous voyons. Il n’existerait pas, au premier abord du moins, en dehors de cette perception. Nous serions donc d’abord soumis aux apparences – et aux fantasmes qu’elles véhiculent – avant d’aller aux choses mêmes.
Par conséquent, quand on pense au handicap, notre premier réflexe est de le visualiser. La première image mentale qui vient est celle du handicap moteur. Les pictogrammes désignant les places réservées aux personnes en situation de handicap sur les parkings et dans les lieux publics représentent d’ailleurs quelqu’un qui se déplace en fauteuil.
Or ce n’est pas la situation la plus courante. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la plupart du temps, le handicap ne se voit pas. Et cela ne l'empêche pas d'être vécu difficilement. Qu’il soit visible ou invisible, il génère des discriminations.
En réalité, les handicaps invisibles ou qui ne se voient pas au premier coup d’œil génèrent plus de complications, car ils sont difficilement identifiables, ils sont moins pris en compte. Les maladies chroniques, les traumatismes crâniens, la déficience visuelle, auditive ou intellectuelle, la dyslexie, l’illettrisme, mais également les troubles psychiques ou cognitifs (difficultés à mémoriser, à s’organiser, à s’adapter…) concernent 8 personnes sur 10.
Comment, alors, ne pas se laisser enfermer par notre perception ? À l’inverse, comment prendre en compte justement ce qu’on ne peut voir ? Notre faculté de perception et notre connaissance sensible procèdent par projections et associations. Elles font appel au savoir que nous avons accumulé jusque-là.
Sommes-nous pour autant condamnés à exister d’abord dans le regard de l’autre, à n’être jamais des personnes en soi, sans être caractérisés par une particularité de notre apparence, un handicap ou autre ?
Il reste du travail pour faire évoluer les consciences. Il faut changer nos représentations personnelles et collectives, analyser de plus près la façon dont on parle du handicap. Et cela commence par les mots qu’on utilise. Parler d’intégration ou même d’inclusion, pour citer des termes fréquemment utilisés aujourd’hui, à la mode, cela induit encore l’idée selon laquelle il faudrait fournir des efforts pour vivre avec des personnes en situation de handicap.
Changer nos représentations consiste également à faire tomber les catégories ou, du moins, à les réévaluer. Celle qui distinguerait une situation de handicap d’une difficulté, d’une différence parmi tant d’autres. Une déficience auditive, par exemple, peut être considérée comme appartenant au champ du handicap lorsqu'elle survient chez un jeune adulte. Mais la perte de l’audition chez une personne plus âgée sera considérée comme « normale ».
Alors, plutôt que de raisonner en créant des groupes de handicaps, ne devrions-nous pas penser chacun comme étant porteur d'une singularité propre et donc, d’une différence ? Autrement dit, percevoir l’autre au-delà de ce qui est donné d’emblée, au-delà de ce qu’on peut voir ou percevoir de lui au premier abord ?
Reste à aiguiser notre perception, à la perfectionner, pour comprendre autrui et exercer notre sagesse. Il faut réapprendre à voir le monde.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
Le taux de suicide, rapporté à la population, est à peu près équivalent dans les pays pauvres et dans les pays riches. Les pays à revenu faible et intermédiaire représentant la majorité de la population mondiale, c’est cependant dans ces pays que 75% des suicides ont lieu. La Suisse décompte 1010, soit 12,1 suicides pour 100 000 habitants, un taux supérieur à la moyenne en Europe.
Une constante: les taux de suicide les plus élevés sont partout enregistrés chez les personnes de plus de 70 ans. Dépendantes, isolées, en perte d'autonomie, les séniors sont les plus fragiles. Avec un taux de suicide proportionnellement dix fois plus important chez les plus de 85 ans, par rapport à la population des 15-24 ans, et plus élevé encore en maison de retraite que chez soi, il est à craindre que l’amour, le soin, le care, ne suffisent guère. Aux cas de défenestration dont témoignent les infirmiers s’ajoutent un fort alcoolisme et des épisodes dépressifs majeurs chez 10 % à 15 % des résidents au cours de la première année d’institutionnalisation. Ces défis lancés à l’accompagnement de la fin de vie ne peuvent être relevés par les seuls aidants naturels, enfants ou parents, ni même par les soignants.
Derrière la rudesse de ces chiffres se cache une réalité à laquelle nous tournons le dos. Nous sommes plus de 75% à nous déclarer nous détourner de l’idée de la mort et s’adonner en toute tranquillité aux joies de la vie longue.
Quand l’espérance de vie était de 30 ou 40 ans ; quand un enfant sur trois mourait à la naissance ; quand la plupart des maladies étaient sans remèdes; quand, en l’absence d’un État souverain et d’une société policée, les individus vivaient sous l’emprise de la peur de la mort violente, alors le visage des morts faisait partie intégrante de la vie. Chacun était incité à l’anticiper, à s’y préparer. À la vivre en commun avec ses proches. L’ici-bas était orienté par l’attente de l’au-delà. Et puis, soudain, en quelques siècles, ce système s’est effondré. Alors que la croyance religieuse s’effritait, la vie longue a chassé la mort hors de notre champ d’expérience. Elle s’est alors réfugiée dans les hôpitaux, où les médecins sont devenus les maîtres d’un événement médical.
L’idéal désormais est de mourir… guéri ou en bonne santé. En témoigne la question de l’euthanasie, de la « bonne mort », qui agite de plus en plus régulièrement le débat public. En un mot, on a troqué l’espérance de la survie contre l’espérance de vie.
Cette espérance fait cependant défaut à certains, lors des crises existentielles et de dépression. C’est l’une des causes principales de suicide, parfois associée à l’alcoolisme et aux troubles mentaux. Les problèmes d’argent, les traumatismes, la guerre, les catastrophes naturelles comptent parmi les facteurs extérieurs, sociaux, psychologiques, culturels, qui favorisent le passage à l’acte.
Sur la base d’une grande étude, l’OMS a déduit un plan d’action fondé sur une conviction: le suicide est évitable. Si bien que les États membres de l’OMS se sont engagés à atteindre la cible mondiale visant à réduire de 10% les taux de suicide. Tant qu'il y a de l'espoir...
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
Le mot « retraite » est sur toutes les lèvres, et pourtant, on en oublierait presque leur existence : les vieux ! « Senior » c’est le mot employé quand on est embarrassé d’en parler. On pourrait montrer l’invisibilité dont souffre cet âge rejeté hors de la vie « active » ou cartographier le nouveau monde qui s’ouvre à nous quand on vieillit. Or nous vivons dans une conception quasi raciste de l’âge.
On peut s’étonner que l’on isole aussi drastiquement la jeunesse, l’âge adulte et la vieillesse, comme s’il s’agissait de trois vies distinctes. Car pourtant, chacun a en lui tous les âges de la vie. Marcel Proust écrivait « c’est avec des adolescents qui durent un assez grand nombre d’années que la vie fait ses vieillards ».
Les jeunes éprouvent du dégoût pour les vieux, mais adorent leurs grands-parents. Comment comprendre ce paradoxe ? C’est que la vieillesse n’est pas qu’un fait biologique; elle est aussi une affaire de représentation et de stéréotypes. Ceux-ci valorisent la jeunesse active et confinent « l’inactif » à « l’inutile ». « Pour la société, la vieillesse apparaît comme une sorte de secret honteux dont il est indécent de parler » écrivait Simone de Beauvoir. Les vieux, on semble considérer qu’ils appartiennent à une espèce étrangère. Et cette illusion commode, les économistes, les législateurs l’accréditent quand ils déplorent le poids que les non-actifs représentent pour les actifs: comme si ceux-ci n’étaient pas de futurs non-actifs et n’assuraient pas leur propre avenir en instituant la prise en charge des gens âgés.
C’est bien cette solidarité entre les âges qui est au cœur des débats aujourd’hui. Mais il reste que l’économie est basée sur le profit, c’est à lui pratiquement que toute la civilisation est subordonnée: on ne s’intéresse au matériel humain que dans la mesure où il rapporte. Ensuite, on le jette.
La vieillesse est pourtant l’expérience d’une nouveauté pleine de détresse et de vitalité; Épicure parlait lui « de la fin de la tyrannie des désirs ». Mais à quoi voit-on qu’on a vieilli ? À quoi ? À une inclination exagérément fataliste, justement… Tout l’inverse de la révolte ! Une sagesse.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
Les dépenses de santé, évidemment, mais pas uniquement – sinon les Américains qui dépensent plus de 18,8 % du PIB devraient être en meilleure santé que les Suisse (11,8 %). Sont en effet pris en compte le mode de vie et d’alimentation, l’exposition à la pollution ou l’augmentation des études et des revenus, minima en particulier, qui permettent de ne plus renoncer aux soins en cas de besoin. Concrètement : Une progression de 10 % de la couverture de l’enseignement est associée à un gain de 3,2 mois d’espérance de vie, tandis qu’un accroissement de 10 % du revenu par habitant est associé à un gain de 2,2 mois d’espérance de vie.
La santé devient ainsi une « épaisseur de durée » pour parler comme Bergson, mais aussi une « épaisseur de milieux de vie ». Elle n’est plus dans le sujet, mais en dehors de lui. Comment la définir ? Longtemps, les médecins y ont été réticents. Ils se contentaient de la définition négative de René Leriche : « La vie dans le silence des organes. » Avec l’émergence d’une médecine préventive, statistique et prospective, le besoin se fait pourtant sentir d’une définition positive, qui permette de cadrer les politiques publiques sans pour autant aboutir à une nouvelle norme, à un idéal de santé parfaite ou d’accroissement indéfini des capacités. Dans Éléments pour une philosophie de la santé (Les Belles Lettres, 2017), le philosophe Arnaud François propose de la concevoir comme « le mouvement par lequel la vie s’élève à travers ses propres degrés ». Une définition qui permet de faire une place à la maladie comme aux écarts par rapport à la norme et même de renoncer aux soins quand ceux-ci portent atteinte à la vitalité du patient. Bref, de continuer à boire un verre de vin quand on est français, manger une fondue quand on est Suisse ou à cuisiner à l’huile d’olive quand on est espagnol. Ce que Nietzsche appelait la grande santé !
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
Tout le monde sait que Kanye West est atteint du trouble bipolaire. Le rappeur, qui a déjà effectué des séjours en hôpital psychiatrique, en a parlé publiquement et même composé une chanson sur le sujet (“I hate being bipolar, it’s awesome” – “Je déteste être bipolaire, c’est génial”).
Bien que rares, ces comportements maniaques peuvent inclure : propos hallucinés, conduites dangereuses, dépenses inconsidérées, exhibition corporelle, insanités, menaces physiques, etc. Toutes les personnes atteintes de ce trouble ne délirent pas, cela concerne même une minorité. Mais quand l’orage se déverse sur vous, que vos repères habituels et même votre propre rapport au réel volent en éclats, c’est effrayant, pathétique et parfois… drôle, surtout rétrospectivement, quand la longue bourrasque est passée. Ces symptômes sont généralement peu racontés par l’entourage, dans un souci de protection de la personne. Mais cette discrétion génère aussi une forme de malentendu de la part des inconnus et du public.
Quand j’ai entendu Kanye West s’extasier sur Hitler, ce n’est pas lui que j’ai eu envie de vilipender spontanément, mais l’homme qui a profité de son instabilité pour créer une bronca médiatique. Ce sont les réseaux sociaux, les journalistes, les faux amis, les individus qui ne prennent pas le temps de se dire qu’il faudrait l’aider et préfèrent lui tendre un micro. J’en veux aussi à l’époque, je crois. Nous vivons un moment où la santé mentale est fortement présente dans les conversations. Dépression, anxiété, névrose : chacun peut désormais se livrer en public sur ses difficultés, et c’est très positif. Mais quand on en vient au délire, à la psychose, c’est-à-dire à ce qui déborde plutôt qu’à ce qui s’affaisse, il me semble que la gêne reste palpable. Au point que nous oublions, par moments, qu’il s’agit de personnes malades.
La plupart des gens n’ont pas vu de proches en phase maniaque aiguë, et ils ont de la chance. Je souhaiterais néanmoins apporter un petit contrepoint à certains discours ambiants à la tempérance mal avisée. Aussi difficile que cela soit à entendre, il ne faut pas minimiser la gravité et, disons-le, la dangerosité potentielle de cette pathologie, à la fois pour le patient et son entourage. Oui, prescrire du lithium peut s’avérer indispensable ; oui, une hospitalisation d’office est parfois nécessaire ; oui, une mise sous tutelle peut être indiquée. Le trouble bipolaire n’est pas une composante de l’identité comme une autre. C’en est quelquefois le foyer destructeur. Dans les moments critiques, il n’y a rien d’autre à faire que rester attentif à la personne, laisser faire les professionnels, et se taire. Pour le bien de tous.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
Préoccupation légitime et collective, l’écologie est souvent à géométrie variable. Rien n’a vraiment changé, par exemple en matière de tourisme d’achat, toujours aussi bien ancré dans les moeurs malgré les injonctions à consommer local. Tout comme le réflexe de prendre sa voiture ou même l’avion pour s’aérer quelques jours. Même si les photos des Alpes montrent sans ambiguïté l’impact du réchauffement climatique, les comportements au quotidien font de la résistance.
Ce décalage s’explique en partie par l’approche incohérente ou malhabile des pouvoirs publics. Les discours et les actes manquent souvent de réalisme et de réflexion systémique pour tester la viabilité. Il arrive à certains d’apparaître comme des donneurs de leçons, alors qu’ils ne suivent pas eux-mêmes leurs propres préceptes ou sont pris en flagrant délit de méconnaissance des dossiers.
Or, si nous voulons atteindre nos objectifs environnementaux, il faut savoir faire preuve d’intégrité sociale et d’anticipation. Tout le monde gagnerait à s’ouvrir aux débats qui admettent la contradiction, sans entêtement ni dirigisme. Cela pourrait donner plus de crédit à une démarche écologique qui, sans cela, restera cantonnée au rang des complaintes larmoyantes et fatalistes. Ou qui sombre dans un autre travers, à savoir des actions coup-de-poing, par essence peu productives. (Flavia Giovannelli, Entreprise)
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire
La Suisse, pays pharmaceutique, a un problème : certains médicaments manquent. La liste des médicaments en pénurie s'allonge de plus en plus.
La Suisse, avec l'Allemagne, a longtemps été considérée comme la pharmacie du monde. De nombreux médicaments qui ont été développés il y a des décennies et qui sont encore utilisés aujourd'hui ont été développés en Suisse et y ont également été fabriqués pendant longtemps. Mais ce n'est plus le cas maintenant. Comme dans de nombreuses autres industries, la production a été externalisée vers d'autres pays pour des raisons de coût.
La Chine avec un monopole virtuel
De nombreux médicaments ou matières premières pour leur fabrication sont produits en Chine. La pénurie actuelle, notamment de médicaments relativement courants, est en partie due à la stratégie zéro-Covid en Chine. La production s'est arrêtée ou un lot bloqué dans le port de Shanghai, où il est stocké momentanément. Mais le problème est plus profond : pourquoi ces actifs viennent-ils tous de Chine ou d'Inde ? Aujourd'hui, on dit que 70 à 80 % viennent de Chine. La raison est en fait relativement simple. C'est cette immense pression sur les prix. Les génériques, les médicaments n'ont plus le droit de coûter quoi que ce soit aujourd'hui.
Selon Intergenerika, l'Office Fédéral de la Santé Publique (OFSB) entraîne également la spirale des prix à la baisse, notamment par le biais de spécifications des prix – de comparaisons internationales - pour les médicaments. À tel point que certains produits en Suisse ne peuvent être vendus qu'à perte. Le résultat est alors souvent que ces produits ne sont tout simplement plus importés en Suisse. Nous avons confronté l’Office Fédérale de la Santé Publique à ces allégations, mais n'avons reçu aucune réponse aux questions posées.
Cette « course vers le bas » met en danger notre approvisionnement en médicaments essentiels et nous rend encore plus dépendants de la Chine. Nous avons exactement la même situation que nous avons maintenant avec la crise de l'énergie. Nous dépendons du gaz russe, tout comme nous dépendons des matières premières et des produits pharmaceutiques chinois.
Repenser nécessaire
Certains pays ont déjà répondu à ces difficultés. Le président américain Joe Biden a annoncé que les médicaments essentiels seraient à nouveau entièrement produits aux États-Unis. Le président français Emmanuel Macron souhaite également que la France produise à nouveau elle-même du paracétamol (Dafalgan, Panadol), par exemple.
Une réflexion s'impose aujourd’hui pour les producteurs de médicaments génériques (Mepha, Sandoz, Spirig, Streuli,…). Concrètement, les prix des médicaments inférieurs à 20 francs ne doivent plus baisser et la dépendance vis-à-vis de la Chine doit être réduite. Il faut repenser à tous les niveaux. La politique d'abord, les industriels pharmaceutiques, les assurances-maladie, les patients et les associations de patients ensuite. C'est faisable. Est-ce facile ? Bien sûr que non. Cela coûte-t-il plus d'argent ? Dans tous les cas. Mais nous devons commencer à un moment donné. En tant que petit marché, la Suisse doit également collaborer avec ses voisins.
Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire