Quelques jours après l’arrivée de la pandémie du Covid-19 en Suisse et la décision du Conseil Fédéral de placer le pays en confinement, mais sans remettre en question la légitimité de cette décision, je brisais l’unanimité de l’opinion en avançant quatre convictions fortes : cette épidémie n’est pas aussi grave qu’on le craint; les conséquences économiques risquent, elles, d’être redoutables, en particulier pour les jeunes; le souci de la santé ne doit pas supplanter celui de la liberté; enfin, la vie des personnes âgées, dont bientôt la mienne propre, n’a pas autant de valeur que celle des jeunes générations.

Préférons-nous la santé à la liberté ?

J’ai affirmé cette position mainte fois au comptoir de ma pharmacie, face à une clientèle parfois étonnée, parfois partisane. Mais, étrangement, alors que cette approche prenait à revers les données factuelles et les principes éthiques au fondement de la politique adoptée par la Suisse et du consentement du peuple, elle n’a fait l’objet d’aucune discussion publique, contradictoire et argumentée. Avec le Covid, nous avons peut-être basculé dans une société du "care", où la justice n’est pas oubliée, mais moins considérée que le "soin".


Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire