Les relations humaines et la justice sont tout aussi essentielles que les besoins organiques auxquels nos existences semblent être réduites. Comment remettre au cœur de nos existences cette question : qu’est-ce qui est vital ?

La santé ne suffit pas à définir ce qui est vital

Nous vivons une mise en danger et une réorganisation globale de nos modes de vie, depuis les gestes les plus ordinaires, les relations les plus intimes, jusqu’à l’économie mondiale et à l’écologie de la planète. C’est très impressionnant ! L’expérience du vital est une expérience négative au sens où nous la ressentons en général à l’occasion d’une perte, d’un empêchement : la maladie, le deuil, la perte d’un emploi, une séparation… Tout ce que nous considérons comme le contraire de la vie. Nous faisons cette expérience collectivement et à toutes les échelles. D’abord, dans la dimension la plus urgemment vitale du vivant : nous sommes rappelés à notre condition d’êtres vivants, donc fragiles et mortels. Le vital s’éprouve dans son évidence nue. Il nous faut nous tenir vivants : nous protéger du virus, manger, boire, dormir… Mais nous éprouvons aussi le vital par la perte d’autres dimensions de l’existence, comme les relations humaines. J’insiste sur le fait que ces deux plans sont essentiels. Certes, les relations ne sont pas une condition de la survie en état d’urgence absolue – c’est d’ailleurs pourquoi nous pouvons en partie nous en priver ou les réduire –, mais elles ne sont pas pour autant un luxe, même en temps de crise. Les relations humaines sont ce liant, ce lien qui nous fait prendre conscience de notre appartenance, voire simplement de notre existence. Restons alors ouverts envers l’autre.