Notre système de santé est très onéreux et très efficace. Les primes prohibitives de l’assurance de base payées par la majeure partie de la population ainsi que la comparaison avec les autres pays d’Europe occidentale étayent ce premier point. Quant à la deuxième allégation, nous manquons ici de certaines données assez importantes pour l’affirmer. Une comparaison récente entre neuf États européens a montré que, pour les compétences en matière de santé de la population, la Suisse n’était qu’en sixième position.

À quoi bon avoir le meilleur système de santé ?

Les compétences de santé de la majorité des Suisses sont insuffisantes, voire mauvaises. Les personnes âgées, celles atteintes de maladies chroniques et celles n’ayant pas fait d’études supérieures s’en sortent particulièrement mal : traitements obsolètes, mode de vie moins sain, visites aux urgences inutiles et trop fréquentes. L’augmentation des frais de santé échappe à tout contrôle et cela y est pour beaucoup. Selon la NZZ le canton de Zürich semble avoir pris conscience de la nécessité d’agir. En effet, les personnes disposant de meilleures compétences sanitaires vivent généralement plus sainement et sont capables d’utiliser le système de santé de manière plus efficace grâce à leur savoir. Elles coûtent ainsi bien moins cher.

Faire porter le chapeau aux citoyens en raison de leur manque de connaissances de notre système serait un raccourci abusif puisqu’ils ne sont aucunement responsables de la complexité de celui-ci et de la quantité tout bonnement inépuisable des offres. La surabondance et le manque de transparences sont les conséquences de la concurrence économique rendue possible par le Parlement pour les prestations de soins à la personne. Il est donc important de développer et de renforcer les compétences en matière de santé de la population. Et il est d’autant plus essentiel d’éradiquer de notre système la surabondance, les abus et des offres trompeuses ou fallacieuses et d’éviter, au moyen de contrôles stricts et efficaces, toute prolifération sauvage responsable de la hausse des coûts. Les citoyens seront mieux à même de comprendre le système de santé s’il est plus simple et transparent !


Christian Cordt-Moller, Pharmacien FPH / propriétaire